Ethiopie: "suspension définitive" de deux journalistes locaux de la Deutsche Welle / Photo: Ina FASSBENDER - AFP/Archives
Deux journalistes locaux de la Deutsche Welle (DW) en Ethiopie ont été "suspendus définitivement", a annoncé vendredi la radio-télévision internationale allemande, dénonçant une décision "inacceptable".
L'Ethiopie, géant d'Afrique de l'Est d'environ 130 millions d'habitants, est régulièrement pointée du doigt par les organisations de défense des droits humains pour les atteintes aux libertés publiques.
Le pays, qui doit organiser en juin prochain des élections législatives, pointe au 145e rang sur 180 pays dans le classement de la liberté de la presse établi par Reporters Sans Frontières (RSF), en baisse de quatre places sur un an.
En octobre, neuf correspondants locaux de la Deutsche Welle avaient été suspendus.
"Sept d'entre eux ont été autorisés à reprendre leur travail cette semaine", a affirmé la Deutsche Welle avant de "protester vigoureusement contre la suspension définitive de deux correspondants" par l'Autorité éthiopienne des médias (EMA) et de dénoncer une décision "inacceptable".
Selon DW, l'EMA "invoque des allégations générales de +non-respect continu des lois éthiopiennes et de l'éthique professionnelle+" ainsi que la publication "d'informations trompeuses".
La chaîne, qui "rejette fermement les accusations", a annoncé "envisager d'intenter une action en justice".
Les deux correspondants suspendus couvraient le Tigré, théâtre entre 2020 et 2022 d'une sanglante guerre, et l'Amhara, deuxième région la plus peuplée du pays où des affrontements armés opposent les forces fédérales à des rebelles.
"Il est inacceptable que nos deux correspondants doivent cesser leur travail sans aucune explication concrète", a déclaré Manuela Kasper-Claridge, rédactrice en chef de DW, citée dans le communiqué.
RSF a, dans un communiqué transmis à l'AFP, regretté "une décision arbitraire, qui met à mal le droit à l'information", avant de demander aux aux autorités d'Addis Abeba de "mettre fin aux intimidations visant le service en langue amharique du média".
Plusieurs journalistes ont été arrêtés ces derniers mois dans le pays, et du matériel saisi.
Selon RSF, cinq journalistes sont aujourd'hui détenus dans le pays d'Afrique de l'Est, dirigé depuis 2018 par le Premier ministre Abiy Ahmed.
E.Willems--LCdB