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Il est 9H00, les moines interrompent la vendange pour une prière, des chants grégoriens résonnent. Dans ce coin de Provence, plus personne ne s'en étonne, encore moins les vignerons qui produisent avec eux un vin destiné à préserver l'agriculture paysanne dans le Ventoux.
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Sur ce territoire à l'est d'Avignon où fut planté le premier vignoble pontifical par Clément V au 14e siècle, ils vendangent en bleu monastique de travail. La plupart portent la tonsure, ce cercle rasé au sommet du crâne qui signe leur renonciation au monde matériel.
Sur la "bancaous" (terrasse en provençal) juste au-dessous, des soeurs, bénédictines elles aussi, cueillent des grappes de Marselan, un cépage issu du croisement du cabernet sauvignon et du grenache noir. Moines et moniales mettent leurs récoltes en commun mais les échanges sont extrêmement limités
"Suivant la règle de Saint-Benoît, on cherche Dieu par la prière et le travail. Le travail manuel permet de retrouver le sens du réel", explique le père-abbé du Barroux, supérieur de cette communauté d'une cinquantaine de religieux, l'une des quatre dernières à produire du vin en France. Ni lui, ni les autres moines ne déclineront leur identité.
Ces religieux cultivent l'olivier, la vigne, fabriquent du pain. Huit temps de prière collective rythment leurs journées dès 3H30 du matin pour "rebondir sur la prière continuellement". Un rythme exigent physiquement et nerveusement qui dissuade de nombreux postulants.
Le moine responsable du vignoble a lui su dès l'adolescence que sa vie serait ici. Ses yeux bleus pétillent lorsqu'il évoque sa passion des langues: il a appris tout seul l'hébreu et l'araméen. Mais encore plus lorsqu'il parle de vin, ses mots entrecoupés par les grains de raisin qu'il avale sans respirer.
C'est lui qui a eu l'idée de ce projet "Via Caritatis" lancé en 2015. Son objectif: redorer le blason de l’appellation Ventoux en produisant avec des viticulteurs un vin de qualité qui permette une montée en gamme et donc un revenu minimum. Car sur ces parcelles en pente situées entre 350 et 600 mètres d'altitude, les exploitants ont des coûts de production importants.
Au départ, beaucoup de viticulteurs et de moines étaient sceptiques, certains craignaient que cela ne bouscule trop leur vie monastique. "C'était un grand écart, il fallait convaincre des vignerons d'une petite cave coopérative habitués à vendre leur vin en vrac qu'on était capable de faire du haut-de-gamme, en s'alliant avec des moines qui ont un rythme de vie très différent", reconnaît-il.
Encouragé par le chef de culture d'un célèbre domaine de Châteauneuf-du-Pape, lui est convaincu que ce territoire rude et montagnard peut donner "beaucoup de fraîcheur, des vins très fins" si la conduite de la vigne et la vinification sont améliorées. D'autant plus face au réchauffement climatique qui bouscule de nombreux vignobles dans la vallée du Rhône.
- Cuvées en latin -
Sept ans plus tard, ils produisent 200.000 bouteilles par an de leurs cuvées "Lux", "Pax", "Vox", (lumière, paix, voix en latin) vendues entre 10 et 40 euros. Progressivement, ils intègrent de nouveaux vignerons: cette année 10 hectares de plus.
L'hectolitre est acheté aux agriculteurs entre 160 et 360 euros contre 130/140 euros en moyenne habituellement dans cette région.
"On est sur la bonne voie, la voie du seigneur", plaisante Régis Bernard. "Il fallait à tout prix que l'on soit dans une démarche de revalorisation" pour réussir à maintenir la polyculture paysanne ici, insiste ce producteur de raisin de table et de cuve, ainsi que de cerises en indication géographique protégée des coteaux du Ventoux.
"Ce projet avec les moines nous démarque un peu des autres. On est mal placé, avec des petites parcelles éclatées où on a besoin de beaucoup de personnel. Il fallait créer de la valeur ajoutée" notamment pour encourager les jeunes à reprendre, abonde Dominique Guimety, membre d'une famille d'agriculteurs depuis cinq générations.
Dans la communauté, les frères apprécient ce temps des vendanges qui bousculent leur quotidien très cadré. Des rires fusent dans les rangs.
"Comme on n'a rien, il faut que l'on se rattache aux belles choses, à cette nature, et à bien faire notre travail", confie l'un des moines, lors d'un casse-croûte joyeux et arrosé au milieu des caisses de raisin face aux Dentelles de Montmirail.