Le gouvernement a étendu vendredi les zones de vaccination obligatoire contre la dermatose bovine dans le Sud-Ouest face "à la dégradation soudaine de la situation sanitaire", mais a réaffirmé sa politique d'abattage des troupeaux affectés, dénoncée avec vigueur par certains éleveurs.
La Confédération paysanne a appelé à des "blocages partout", pour "la fin de l'abattage total" et une vaccination élargie, et des rassemblements sont déjà annoncés d'ici la fin de la semaine dans plusieurs villes.
Reçu vendredi par la ministre de l'Agriculture Annie Genevard, le président de la Coordination rurale Bertrand Venteau a de son côté appelé devant la presse à "continuer à manifester" pour faire valoir la "vaccination généralisée" demandée par son syndicat.
Dans un contexte de crise multiple de l'agriculture, une soixantaine de tracteurs ont bloqué dans l'après-midi la circulation sur l’autoroute A64 dans le sens Toulouse-Bayonne.
"Pour sauver toute la filière, l'abattage est la seule solution", a déclaré la ministre de l'Agriculture Annie Genevard, au terme de deux jours de mobilisation dans l'Ariège de manifestants opposés à l'abattage d'un troupeau touché par la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).
Vendredi matin, les services vétérinaires ont commencé à abattre les 207 vaches concernées sous la protection des gendarmes mobiles.
"Le protocole actuel fonctionne", a assuré la ministre dans une interview au Parisien, estimant que cette stratégie, imposée par les règles européennes, avait fait ses preuves dans les Savoies où la DNC est apparue en France, en juin.
Quant à une vaccination générale, elle s'est dite "ouverte au dialogue (...). On va commencer par étendre la zone vaccinale, autour des foyers de contamination".
"Nous sommes aujourd’hui engagés dans une véritable course contre la montre contre le virus. Deux nouveaux foyers, éloignés des précédents, montrent qu’il circule. Le risque, c’est le débordement", a-t-elle souligné dans un message posté sur X.
Mardi, un cas de dermatose nodulaire contagieuse a été détecté en Ariège. Le lendemain, un autre l'a été dans les Hautes-Pyrénées. Ce sont les premiers recensés dans ces départements depuis la détection du premier foyer en Savoie.
"Face à la dégradation soudaine de la situation sanitaire, le ministère chargé de l'Agriculture a décidé d'étendre le dispositif de lutte en instaurant une zone vaccinale couvrant les départements de l'Aude, de la Haute-Garonne, du Gers, des Pyrénées-Atlantiques (à l'exception des communes déjà situées en zone règlementée)", a annoncé le ministère. Le département des Landes est également concerné a confirmé la préfecture à l'AFP.
Désormais, la vaccination de tous les bovins y est obligatoire et les bêtes ne peuvent sortir de la zone vaccinale, sauf vers un abattoir, précise le ministère.
- "Épée de Damoclès" -
La stratégie mise en place par l'Etat depuis l'apparition de la DNC en France implique l'abattage de toutes les bêtes des foyers affectés, des restrictions de mouvements des troupeaux et jusqu'ici une "vaccination d'urgence" de tous les bovins dans un rayon de 50 km de la zone concernée.
Les autorités expliquent que l'absence de symptômes ou même un test négatif sur les bêtes de troupeaux touchés ne signifient pas que ces animaux ne sont pas malades, ce qui implique l'abattage du lot.
Mais les opposants à cette stratégie, soutenus par la Coordination rurale (CR) et la Confédération paysanne, dénoncent un protocole "injuste et inefficace", une "épée de Damoclès permanente" sur la vie des éleveurs et de leurs bêtes, et demandent une vaccination large.
"Il faut bien évidemment vacciner toutes les vaches pour se préserver de cette maladie. Si ça fonctionne, pourquoi s'en priver? Mais il faut le faire très rapidement, n’attendons pas que la zone soit infectée", a dit vendredi José Pérez, membre du comité directeur de la CR, après des propos du ministre du Commerce Serge Papin.
Ce dernier avait dit vendredi matin sur Europe 1 que "la solution, c’était le vaccin".
Le puissante syndicat FNSEA n'a pas la même vision. "Monsieur Papin (...) peut-il nous garantir qu'il prendra en charge les pertes de marché?", a réagi vendredi son président Arnaud Rousseau, pour qui la vaccination complète mettrait pendant de longs mois "la France sous cloche", la privant de son statut européen de pays "indemne", et donc de ses capacités d'export et d'un soutien important à ses prix.
Pour le syndicat ainsi que l'organisation Jeunes Agriculteurs, "l’abattage total est la meilleure solution. C’est un crève cœur, mais c’est ce que nous disent les scientifiques".
Apparue en juin en France, la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) est non transmissible à l'humain, mais peut entraîner la mort des animaux.
K.Smeets--LCdB