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Il est dix heures. Raïssa sort de chez elle, suivie de sa meute de chiens affamés dont les aboiements ne suffisent pas à couvrir les détonations d’artillerie.
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"Tous les jours, je me lève, je prépare la nourriture pour les animaux, puis je pars au boulot", dit-elle, arpentant les rues délabrées, un sac en plastique rempli de morceaux de poulet à la main.
Raïssa, 65 ans, "tamponne des feuilles" pour le compte de l'administration de sa petite ville de Bilytske, située à 15 km au nord de Pokrovsk, une des zones les plus actives du front, dans l'est de l'Ukraine.
C’est la dernière agglomération avant les combats. A quelques kilomètres plus au sud seulement, les drones russes bourdonnent et les carcasses de voitures au bord des routes illustrent le danger à s'y aventurer.
Que pense Raïssa de la trêve de 30 jours esquissée mardi par les États-Unis et l’Ukraine, mais sur laquelle Vladimir Poutine a émis des réserves ?
Pour elle, rien n’est plus important que ces chiens, ramenés du front par des soldats et pour lesquels elle dépense la plus grande partie de son salaire.
Raïssa ne partira que s'ils périssaient dans les bombardements.
- Déterminés à rester -
Vers 11H00, elle est au travail et manie son tampon. Son voisin Sergueï se rend devant la mairie détruite pour puiser quelques litres d’eau potable.
Nostalgique, il passe par son ancienne école, rasée par les missiles russes en juin.
"On voit les oiseaux", dit-il, les yeux tournés vers un trou béant dans le plafond d'une salle de classe.
"Quand on était jeunes avec mon ami, on voulait que l’école soit détruite", dit-il avant un silence. "C’est un rêve devenu réalité... en quelque sorte", ironise-t-il, caressant sa longue barbe blanche.
Dans les rues clairsemées de Bilytske, où vivaient 8.000 personnes avant la guerre, on croise avant tout des soldats et des retraités qui refusent de partir.
Sergueï est revenu ici depuis le Portugal pour s’occuper de sa mère, déterminée à rester.
A midi, c'est l'heure de la retrouver à l'église, où elle entame le carême.
Là, popes et veuves de mineurs de fond de ce bassin houiller prennent un repas frugal de pommes de terre après avoir dit le bénédicité.
Plongés dans l'odeur d’encens, les fidèles y sont persuadés d'être sous protection divine, qu'importent les détonations.
"Dieu dit que le monde ici-bas est mauvais", dit un prêtre, le père Serguiï. "S’il y a la guerre, c’est parce que les gens ne croient plus !", tempête-t-il.
- Mourir ici -
A côté, le père Ivan, 56 ans, soupire car la plupart des paroissiens ont fui la ville bombardée. Seuls "les plus solides" sont restés, dit-il, comparant la petite église à "l'arche de Noé".
"Les gens essaient de s’accrocher à ce qu’ils ont mis une vie à construire", dit le religieux pour expliquer la présence de ces civils dans une zone de guerre. "Nous avons travaillé dur toute notre vie, et en fin de compte, tout cela s’est avéré être sans grande importance".
Khrystyna, une fidèle qui débarrasse la table à manger de l’église, dit être restée ici malgré la "peur" des explosions et le départ à Kiev de sa fille avec son nouveau-né. Cette ancienne trieuse de charbon de 64 ans s'occupe de sa maison et "espère" que sa fille reviendra.
"Je ne pense pas qu’elle veuille rentrer", admet-elle tristement.
Quant au risque de se retrouver sous le contrôle de la Russie ? "Nous n’avons pas le droit d’avoir peur, c’est la volonté de Dieu", esquive Khrystyna. "Si je dois mourir ici, alors je mourrai ici".
Vers 16H, les cérémonies religieuses s'achèvent, les fidèles retournent chez eux. La lumière du jour décline.
Raïssa quitte son travail où elle n’accueille plus grand monde. Elle retourne nourrir ses chiens au son des obus.