La Chine a fustigé mardi le "harcèlement" des Etats-Unis et s'est posée en défenseur du multilatéralisme, lors d'un rendez-vous diplomatique réunissant des dizaines de pays d'Amérique latine, avec lesquels elle cherche à renforcer ses liens.
Le président chinois Xi Jinping a promis des milliards d'euros de crédit pour le développement de la zone ainsi qu'une coopération plus poussée dans l'énergie, les infrastructures ou l'éducation.
Symbole de l'intensification ces dernières années des liens politico-économiques avec la région, le géant asiatique a ouvert mardi à Pékin cette grande réunion avec des dizaines de pays membres de la Communauté des États latino-américains et des Caraïbes (Celac).
Ce rendez-vous, auquel participe notamment le président brésilien Lula, est l'occasion pour la Chine d'appeler à un front commun contre la guerre de droits de douane lancée par le président américain Donald Trump.
L'Amérique latine est devenue un champ de bataille diplomatique entre Pékin et Washington ces dernières années et les pays latino-américains subissent régulièrement les pressions américaines pour choisir leur camp.
S'exprimant au lendemain de l'annonce par les États-Unis et la Chine d'un accord visant à réduire drastiquement pendant 90 jours leurs droits de douane réciproques, Xi Jinping s'est évertué mardi à présenter la Chine comme un partenaire fiable et respectueux.
"Personne ne peut gagner une guerre des droits de douane ou une guerre commerciale", a-t-il affirmé lors de la cérémonie d'ouverture, devant des dirigeants et chefs de la diplomatie de pays membres du Celac.
"Le harcèlement et l'hégémonisme ne mènent qu'à l'isolement", a-t-il souligné. "Ce n'est que dans l'unité et par la coopération que les pays peuvent préserver la paix et la stabilité mondiales, ainsi que promouvoir le développement et la prospérité dans le monde entier."
- "Main dans la main" -
Il a promis que la Chine débloquerait un crédit de 66 milliards de yuans (8,3 milliards d'euros) en faveur du "développement" des pays d'Amérique latine et des Caraïbes.
Cette somme rentre dans le cadre d'un large ensemble d'initiatives visant à renforcer la coopération, notamment dans les domaines des infrastructures et de l'énergie propre.
La Chine collaborera aussi davantage avec l'Amérique latine dans la lutte antiterroriste et le crime organisé transnational, a déclaré Xi Jinping, tout en renforçant les échanges humains par le biais de bourses d'études et de programmes de formation.
Dans le cadre de l'accord sino-américain annoncé lundi, les États-Unis ont accepté d'abaisser leurs surtaxes douanières sur les produits chinois à 30%, tandis que la Chine réduira les siens à 10% sur les biens importés américains.
Cet accord marque une importante désescalade dans cette guerre commerciale bilatérale. Mais celle-ci reste active et les différends persistent entre les deux puissances.
En écho aux propos de Xi Jinping, son chef de la diplomatie, Wang Yi, a ainsi estimé mardi, sans citer nommément les États-Unis, qu'une "certaine puissance mondiale" était "obsédée" par la loi du plus fort.
Il a exhorté les pays d'Amérique latine à "agir main dans la main" avec Pékin pour défendre leurs droits face à un pays qui "utilise les droits de douane comme une arme pour intimider les autres pays".
- Charge contre Washington -
Parmi les principaux dirigeants latino-américains présents à Pékin figurent Luiz Inacio Lula da Silva, arrivé samedi pour une visite d'État de cinq jours.
Lula a déclaré lors de la cérémonie d'ouverture que l'Amérique latine ne voulait pas "répéter l'histoire et entamer une nouvelle Guerre froide".
"Notre objectif est de contribuer positivement à l'ordre multilatéral pour le bien mondial, et d'être dûment représentés", a-t-il expliqué.
Sans nommer les États-Unis, le président colombien Gustavo Petro a lui fustigé la politique américaine en matière d'économie, de traitement des migrants ou encore la position climatosceptique de Washington, appelant à un "échange d'égal à égal entre civilisations", à l'opposé de l'"impérialisme".
Il avait annoncé la semaine dernière qu'il signerait une lettre d'intention pour que son pays rejoigne les "Nouvelles routes de la soie".
Axe central de la stratégie de Pékin depuis 2013 pour accroître son influence internationale, ce programme vise notamment à construire des infrastructures maritimes, routières et ferroviaires - en particulier dans les nations en développement.
Les deux tiers des pays latino-américains y ont déjà adhéré.
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A.Gerard--LCdB