L'Inde a annoncé mardi avoir tué trois insurgés présumés au Cachemire indien, premier incident de ce type depuis l'attentat qui l'a précipitée dans sa confrontation militaire la plus grave avec le Pakistan depuis deux décennies.
L'accrochage entre l'armée indienne et un groupe d'hommes qu'elle a présentés comme des "terroristes déterminés" s'est déroulé dans une forêt du nord de la partie de la région à majorité musulmane administrée par l'Inde.
Il s'est déroulé à quelque 70 kilomètres de la ville touristique de Pahalgam, où des hommes armés ont assassiné 26 civils le 22 avril dernier.
L'Inde et le Pakistan se disputent la souveraineté de l'ensemble du Cachemire depuis leur partition sanglante à leur indépendance en 1947. Depuis 1989, sa partie indienne est le théâtre d'une violente insurrection séparatiste.
New Delhi a imputé la responsabilité de l'attaque de Pahalgam à Islamabad, qui l'a aussitôt démentie.
Dans la nuit du 6 au 7 mai, l'Inde a tiré en représailles une série de missiles sur des sites pakistanais qui, selon elle, abritaient des camps du groupe jihadiste qu'elle soupçonne d'être l'auteur de l'attentat du mois dernier.
Le Pakistan a aussitôt riposté et plongé les deux puissances nucléaires au bord de la guerre ouverte.
Pendant quatre jours, les deux armées ont échangé tirs d'artillerie, frappes de missiles et attaques de drones sur leurs territoires. Jusqu'à un cessez-le-feu annoncé samedi à la surprise générale par le président américain Donald Trump.
- "Martyrs" -
Dans son dernier bilan publié mardi, l'armée pakistanaise a affirmé que les combats avaient causé la mort de 40 civils, dont 15 enfants.
Pour la première fois, elle a fait état de pertes militaires. "En défendant la mère patrie avec une bravoure exemplaire, 11 membres des forces armées sont tombés en martyrs et 78 autres ont été blessés", a-t-elle annoncé.
Son précédent bilan faisait état de 33 civils tués. De son côté, l'Inde a fait état de 16 civils et de 5 militaires tués.
Hormis quelques tirs ou attaques rapportés samedi soir, la trêve a été respectée le long de la "ligne de contrôle" (LoC) qui sépare les deux armées.
Des hauts responsables militaires des deux pays ont échangé au téléphone lundi soir.
Ils "se sont mis d'accord pour (...) réfléchir à des mesures immédiates pour réduire le nombre de soldats déployés sur les frontières", a rapporté l'état-major indien.
Malgré cette détente sur le front, la rhétorique est restée très martiale. L'Inde comme le Pakistan ont assuré qu'ils ne baissaient pas la garde.
"Si une autre attaque terroriste vise l'Inde, nous lui apporterons une réponse ferme", a averti lundi soir le Premier ministre ultranationaliste hindou Narendra Modi dans un discours au pays.
- Guerre des images -
"Qu'il n'y ait aucune ambiguïté, toute nouvelle tentative de défier la souveraineté du Pakistan ou son intégrité territoriale suscitera une réponse rapide, globale et décisive", lui a rétorqué mardi l'armée pakistanaise.
Si les armes se sont tues, la guerre de l'image continue de plus belle entre les deux pays.
Dès lundi soir, le chef de l'armée pakistanaise, le général Asim Mounir, qui passe pour l'homme fort du pays selon les experts, a visité des soldats blessés à l'hôpital.
Narendra Modi lui a répondu mardi matin en s'affichant au milieu de ses soldats sur la base aérienne d'Adampur. "L'Inde est éternellement reconnaissante à nos formes armées de tout ce qu'elles ont fait", a-t-il salué sur X.
Signe du lent retour à la normale, les écoles ont rouvert leurs portes, à Chakothi, un village pakistanais le long de la LoC, comme à Srinagar, la principale agglomération du Cachemire indien.
Côté indien, le retour des dizaines de milliers d'habitants qui ont fui leurs villages sous les bombes s'annonce plus lent.
Chez nombre de ceux qui ont trouvé refuge dans ce camp de Jammu, la peur est toujours là.
"Je suis pressé de rentrer parce que si je n'y ouvre pas mon magasin, je perds de l'argent", a confié à l'AFP Lal, un tailleur de 50 ans. "Mais beaucoup de monde pense que la guerre n'est pas finie".
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N.Lambert--LCdB