Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a appelé samedi, lors d'un sommet arabe à Bagdad, à faire "pression sur Israël pour arrêter le massacre à Gaza", quelques heures après l'annonce par Israël d'une intensification de son offensive dans le territoire palestinien.
A l'ouverture du sommet, centré sur la guerre qui oppose depuis octobre 2023 l'armée israélienne au mouvement islamiste Hamas, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a également invité Donald Trump à "faire pression" pour obtenir un cessez-le-feu dans le territoire palestinien.
En riposte à l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, le gouvernement israélien a juré de détruire le mouvement islamiste, et son armée a lancé une offensive destructrice à Gaza, qui a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé la quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants et provoqué un désastre humanitaire.
Et depuis le 2 mars, Israël a bloqué toute entrée d'aide humanitaire.
Et alors que les discussions en vue d'une trêve semblent dans l'impasse, l'armée israélienne a annoncé samedi avoir étendu son offensive dans la bande de Gaza, où sont encore retenues 57 personnes enlevées le 7-Octobre.
- "Blocus humanitaire" -
Evoquant les voies offertes par le droit international pour "intensifier" la pression sur Israël, M. Sanchez a indiqué que son pays présenterait un projet de résolution à l'ONU pour que la Cour internationale de justice "se prononce sur le respect par Israël de ses obligations internationales".
Il a précisé que l'Espagne défendrait un autre projet de résolution demandant qu'Israël mette "fin au blocus humanitaire imposé à Gaza".
"La crise humanitaire gravissime que subit Gaza depuis octobre 2023 a provoqué plus de 50.000 morts, 100.000 blessés et deux millions de déplacés", a rappelé celui dont le pays a reconnu en mai 2024 l'Etat de Palestine.
"Il nous faut un cessez-le-feu permanent, maintenant", a renchéri au sommet arabe le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.
"Je suis alarmé par les informations sur les plans d'Israël d'étendre ses opérations terrestres", a-t-il dit, réclamant "une entrée libre de l'aide humanitaire" à Gaza.
Malgré la présence de l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, le sommet de Bagdad est marqué par l'absence des dirigeants d'Arabie saoudite et des Emirats arabes unis où le président américain était en visite cette semaine.
Donald Trump avait suscité un tollé plus tôt cette année en déclarant que les Etats-Unis prendraient le contrôle de Gaza et en ferait la "Riviera" du Moyen-Orient.
Ces déclarations avaient poussé les dirigeants arabes à élaborer, lors d'un sommet en mars au Caire, un plan pour l'après-guerre afin de reconstruire le territoire dévasté.
- Absence du président syrien -
Ce plan arabe prévoit un fonds destiné à financer la reconstruction --53 milliards de dollars sur cinq ans-- pour le territoire palestinien qui devrait être administré durant une période transitoire par un comité de technocrates palestiniens, avant que l'Autorité palestinienne n'en reprenne le contrôle.
Evoquant une initiative visant à créer un "Fond arabe pour soutenir (...) la reconstruction après les crises", le Premier ministre irakien Mohamed Chia al-Soudani a promis samedi une contribution de son pays de 20 millions de dollars pour Gaza.
Il a avancé une somme similaire pour le Liban, englué dans le conflit régional avec la guerre ayant opposé à l'automne Israël au mouvement islamiste Hezbollah.
L'Irak a été dévasté par plusieurs décennies de conflits et de guerres, notamment après l'invasion menée par les Etats-Unis en 2003, qui a renversé Saddam Hussein et favorisé l'émergence des jihadistes.
Ce n'est que récemment que le pays a retrouvé un semblant de stabilité et ses dirigeants espèrent promouvoir une nouvelle image du pays.
Mais les dissensions politiques irakiennes ont empêché la venue au sommet du président syrien Ahmed al-Chareh, qui a pris le pouvoir en décembre 2024 à la tête d'une coalition de groupes islamistes.
Par le passé, M. Chareh a été emprisonné des années en Irak pour son appartenance à Al-Qaïda. Samedi à Bagdad, il est donc représenté par son ministre ds Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani.
L'Irak a accueilli pour la dernière fois un sommet de la Ligue arabe en 2012.
L.Moonen--LCdB