Quinze camions du Programme alimentaire mondial (PAM) ont été pillés dans la nuit de jeudi à vendredi dans la bande de Gaza, où les Palestiniens subissent aujourd'hui "la période peut-être la plus cruelle" du conflit, selon le secrétaire général de l'ONU.
"Enfin, l'aide humanitaire entre" mais ce qui est autorisé par Israël ne représente "qu'une pincée d'aide alors qu'un déluge est nécessaire", a dit Antonio Guterres, tout en condamnant l'intensification de l'offensive militaire israélienne "avec des niveaux de morts et de destruction atroces".
La Défense civile de Gaza a fait état d'au moins 16 morts vendredi dans des "frappes israéliennes dans plusieurs zones de la bande de Gaza".
L'armée a intensifié mi-mai ses bombardements et opérations terrestres, dans le but affiché d'anéantir le Hamas et de libérer les otages enlevés lors de l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien en Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre.
- "Faim et désespoir" -
Face à une indignation croissante à l'international sur le blocus israélien, qui a provoqué de graves pénuries de nourriture et de médicaments, Israël a commencé à laisser entrer de l'aide lundi, au compte-gouttes, pour la première fois depuis le 2 mars.
Dans un communiqué, le PAM a indiqué vendredi que 15 de ses camions "ont été pillés dans la nuit de jeudi à vendredi dans le sud de Gaza, alors qu’ils se dirigeaient vers des boulangeries soutenues par le PAM".
"La faim, le désespoir et l’angoisse de ne pas savoir si davantage d’aide alimentaire arrivera alimentent une insécurité croissante", a déclaré l’agence onusienne, appelant les autorités israéliennes à "permettre l'entrée de volumes beaucoup plus importants d’aide alimentaire, et plus rapidement".
Le Cogat, l'organisme du ministère israélien de la Défense chargé des affaires civiles dans les territoires palestiniens, a annoncé que 107 camions d’aide humanitaire étaient entrés à Gaza jeudi.
Mais Philippe Lazzarini, chef de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), a rappelé vendredi que pendant la trêve de six semaines rompue en mars, entre 500 et 600 camions entraient quotidiennement.
"Personne ne devrait être surpris ou choqué de voir des scènes où une aide précieuse est pillée, volée ou +perdue+", a-t-il écrit sur X, ajoutant que "le peuple de Gaza est affamé depuis plus de onze semaines".
Devant la presse à New York, Antonio Guterres a dénoncé pour sa part des "obstacles ahurissants", des procédures compliquées aux "quotas" imposés par Israël.
"Dans le même temps, l'offensive militaire israélienne s'intensifie avec des niveaux de morts et de destruction atroces", a dénoncé le chef de l'ONU, soulignant que 80% du territoire est désormais interdit à la population.
- "Cibles terroristes" -
Mohammed al-Moughayyir, un responsable de la Défense civile du territoire palestinien, a indiqué que 16 personnes avaient péri et que des dizaines d'autres avaient été blessées vendredi dans des bombardements israéliens visant principalement le centre et le sud du territoire.
Dans le nord de la bande de Gaza, l’hôpital Al-Awda a signalé que trois membres de son personnel avaient été blessés après que des drones israéliens ont largué des explosifs sur l’établissement.
L’armée israélienne a affirmé avoir, au cours des dernières 24 heures, attaqué des "complexes militaires, des dépôts d’armes et des positions de snipers" dans le territoire.
Elle a ajouté que l’aviation avait frappé plus de 75 "cibles terroristes".
Vendredi après-midi, l’armée a indiqué que des sirènes d’alerte avaient retenti dans des secteurs proches de Gaza, annonçant ensuite qu’un projectile venu du territoire palestinien avait été intercepté.
Un journaliste de l’AFP a vu d'épais panaches de fumée s’élevant au-dessus de bâtiments détruits dans le sud de Gaza.
L'attaque sans précédent du 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles. Sur 251 personnes alors enlevées, 57 restent retenues à Gaza, dont 20 vivantes "avec certitude" selon M. Netanyahu.
La campagne de représailles israéliennes a fait au moins 53.822 morts à Gaza, majoritairement des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
D.Moerman--LCdB