Le Kremlin a dit jeudi attendre la réponse de Kiev concernant sa proposition de nouveaux pourparlers à Istanbul lundi prochain, l'Ukraine, qui accuse la Russie de gagner du temps, demandant de son côté à connaître les conditions de Moscou avant toute rencontre.
"Pour autant que je sache, aucune réponse n'a encore été reçue (...). Nous devons attendre la réponse de la partie ukrainienne", a dit lors de son briefing quotidien Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, au sujet de cette proposition de nouvelle rencontre à Istanbul après celle du 16 mai, qui n'avait rien donné à part un échange de prisonniers.
L'Ukraine n'a pas refusé cette rencontre, proposée par Moscou après que le président américain Donald Trump a estimé que son homologue russe Vladimir Poutine "jouait avec le feu". Mais Kiev a souligné mercredi vouloir connaître à l'avance le contenu du "mémorandum" russe censé exposer les conditions de Moscou afin de parvenir à un accord de paix durable.
Jeudi, Dmitri Peskov a rejeté cette "exigence" de Kiev.
"La peur des Russes d'envoyer leur +mémorandum+ à l'Ukraine suggère qu'il contient vraisemblablement des ultimatums irréalistes, et ils craignent de révéler qu'ils freinent le processus de paix", a réagi sur X le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Gueorguiï Tykhiï, à ces déclarations du Kremlin.
Mais "si ce n'est pas le cas, ils doivent transmettre ce document immédiatement (...) et arrêter de jouer à ces jeux qui montrent seulement qu'ils veulent probablement que la prochaine rencontre soit vide", a-t-il ajouté.
Relancés mi-février par Washington, les pourparlers pour parvenir à un règlement diplomatique du conflit, déclenché en février 2022 par l'attaque russe à grande échelle contre l'Ukraine, n'ont pour l'heure pas donné de résultats.
Des délégations russe et ukrainienne s'étaient retrouvées lors de discussions le 16 mai à Istanbul, lors des premières négociations de paix directes depuis le printemps 2022.
- Appel Rubio-Lavrov -
Ces échanges à Istanbul n'avaient toutefois pas abouti à une percée, l'Ukraine accusant la Russie d'y avoir présenté des exigences territoriales "inacceptables". Les deux camps s'étaient néanmoins engagés à procéder à un échange de prisonniers d'une ampleur inédite, 1.000 personnes contre 1.000 personnes, qui s'est achevé le week-end dernier.
Les positions officielles des deux belligérants semblent difficilement conciliables : la Russie exige notamment que l'Ukraine renonce à jamais à rejoindre l'Otan et lui cède les cinq régions dont elle revendique l'annexion.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a lui appelé Russie et Ukraine à ne pas "fermer la porte" au dialogue, en disant être en contact avec les deux parties et espérer la reprise lundi de pourparlers en Turquie.
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a de son côté expliqué mercredi au téléphone à son homologue américain Marco Rubio comment son pays entendait entamer des discussions avec les Ukrainiens en Turquie, selon Moscou.
Marco Rubio a lui appelé mercredi Moscou à "un dialogue constructif et de bonne foi avec l'Ukraine".
Le président américain Donald Trump, qui s'est rapproché de Moscou pour faire avancer les négociations, a adopté ces derniers jours un ton plus dur à l'égard de son homologue russe Vladimir Poutine du fait de la poursuite, le week-end dernier, de bombardements russes meurtriers en Ukraine.
M. Trump a toutefois écarté mercredi, pour l'heure, de nouvelles sanctions américaines contre Moscou, disant ne pas vouloir "faire capoter" un accord de paix avec de telles mesures.
- Au moins sept civils tués -
Sur le terrain, les attaques nocturnes entre les deux camps se poursuivent.
Jeudi matin, l'armée russe a affirmé avoir neutralisé pendant la nuit 48 drones ukrainiens. Un drone a notamment percuté un immeuble sur une avenue du sud-ouest de Moscou, ne causant que de légers dégâts matériels.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, l'armée de l'air ukrainienne a pour sa part affirmé que le pays avait subi une attaque de 90 drones et a dit avoir détruit 56 de ces cibles.
Les autorités ukrainiennes ont affirmé jeudi qu'au moins sept civils avaient été tués par des frappes russes : deux par des drones dans la région de Kherson, l'un par un missile ayant visé une ferme dans la région de Mikolaïv, un autre par une frappe dans la région de Donetsk, un homme par un drone dans la région de Soumy et deux autres dans la région de Zaporijjia.
Sur la ligne de front, l'armée russe, plus nombreuse et mieux équipée, poursuit par ailleurs des actions offensives dans certains secteurs, en dépit de lourdes pertes accumulées depuis 2022.
Jeudi, le ministère russe de la Défense a affirmé que ses troupes s'étaient emparées de deux villages ukrainiens dans la région de Donetsk (est), épicentre des combats, ainsi que d'une autre localité dans la région de Kharkiv (nord-est).
A.Louis--LCdB