Donald Trump a annoncé mercredi avoir scellé un accord prévoyant "zéro" droit de douane sur les produits américains entrant au Vietnam et à l'inverse une surtaxe d'au moins 20% sur les exportations vietnamiennes vers les Etats-Unis.
L'accord, tel que présenté par Donald Trump, devrait nettement renchérir le prix des chaussures et des vêtements que la nation d'Asie du Sud-Est exporte en masse vers les Etats-Unis.
Mais c'était apparemment le prix à payer pour Hanoï, qui échappe ainsi à la menace d'une surtaxe encore plus sévère, de 46%.
L'annonce intervient une semaine avant le retour annoncé de droits de douane punitifs sur les produits en provenance de dizaines de partenaires commerciaux des Etats-Unis.
Selon Donald Trump, les marchandises vietnamiennes seront frappées d'une surtaxe de 20% à leur entrée sur le sol américain.
La surtaxe sera doublée à 40% sur les produits arrivant du Vietnam mais qui ont été fabriqués ailleurs, alors que les Etats-Unis affirment que beaucoup de produits chinois arrivent ainsi de manière détournée.
Les surtaxes mises en place par le gouvernement Trump se cumulent généralement avec les droits de douane qui existaient au préalable.
Selon l'économiste Justin Wolfers qui s'exprimait sur X, la taxe sur un habit Nike importé passerait ainsi à 38,8%.
Sollicitée par l'AFP au sujet du mécanisme s'appliquant aux produits vietnamiens, la Maison Blanche n'a pas répondu dans l'immédiat.
Donald Trump présente le "deal" comme gagnant pour les Etats-Unis, car les produits américains seront eux soumis à "zéro" droit de douane au Vietnam.
- Plus de voitures américaines -
L'accord a été scellé mercredi lors d'un appel téléphonique entre le président américain et To Lam, secrétaire général du Parti communiste et de facto plus haut dirigeant vietnamien, ont rapporté les deux capitales.
"Le président Donald Trump a apprécié l'engagement du Vietnam à fournir un accès préférentiel aux produits américains, y compris les grosses cylindrées", a dit le gouvernement vietnamien dans un communiqué qui ne précise pas les montants des nouveaux droits de douane.
Les États-Unis sont le premier marché d'exportation du Vietnam. Le textile et les chaussures figurent parmi les principaux produits envoyés aux clients américains.
Les entreprises de l'habillement et équipementiers sportifs ont d'abord gagné du terrain à Wall Street à l'annonce du "deal", avant de retomber après un deuxième message de Donald Trump comportant le montant de la surtaxe sur les produits vietnamiens.
Vers 18H50 GMT, les marques faisant fabriquer des vêtements au Vietnam évoluaient finalement en hausse, à l'instar de Gap (+0,24%), Ralph Lauren (+1,02%) et Lululemon (+0,73%).
La surtaxe de 20% "est un bien meilleur résultat que les 46%" du début "mais je ne me réjouirais pas trop vite", a déclaré à l'AFP Dan Martin, qui travaille pour la société de conseil Dezan Shira & Associates.
Il se demande comment sera appliquée la surtaxe de 40% sur les produits qui seraient à tort estampillés Vietnam.
"Si les Etats-Unis mettent dans cette catégorie les produits intégrant des composants étrangers, cela pourrait affecter beaucoup d'entreprises", remarque le consultant basé à Hanoï.
- Couperet du 9 juillet -
Donald Trump avait provoqué une onde de choc début avril en annonçant des droits de douane "réciproques" à l'encontre du reste du monde: une surtaxe minimale de 10%, pouvant aller jusqu'à 50% pour les pays considérés comme des mauvais élèves, parce qu'ils exportent plus vers les Etats-Unis qu'ils n'importent de produits américains.
Devant l'émoi et la panique des marchés financiers, le président avait suspendu les droits de douane les plus punitifs pendant 90 jours, pour donner du temps à la négociation.
Le dernier jour de la suspension est le 8 juillet, ce qui implique que ces droits de douane punitifs peuvent revenir dès le 9.
Donald Trump maintient la pression pour obtenir des accords selon lui favorables aux intérêts des Américains.
Il a ainsi menacé en début de semaine Tokyo de taxer les produits japonais au-delà de ce qu'il prévoyait début avril, d'au moins 30%.
Le commissaire européen Maros Sefcovic est à Washington cette semaine pour éviter ce sort à l'Union européenne.
Y.Simons--LCdB