Le groupe Etat islamique (EI) a revendiqué mercredi l'attentat-suicide qui a fait la veille au soir 15 morts lors d'un meeting d'un parti baloutche, dans le sud-ouest du Pakistan.
La turbulente province du Baloutchistan, aux confins de l'Iran et de l'Afghanistan, est régulièrement le théâtre de violences. Elles sont généralement le fait de jihadistes, souvent de la branche régionale de l'EI, EI-Khorassan, ou de l'EI-province du Pakistan, ou de séparatistes baloutches, qui disent lutter pour en finir avec la discrimination des baloutches sur leurs terres, riches en minerais et en hydrocarbures, une manne capturée par investisseurs étrangers et autorités fédérales selon eux.
Si les jihadistes de l'EI considèrent l'ensemble des partis politiques et des institutions étatiques comme hérétiques, il est rare qu'ils s'en prennent aux militants de la cause baloutche.
Pourtant, mardi soir, sur le parking d'un stade de Quetta, chef-lieu du Baloutchistan, alors que les centaines de participants au rassemblement du Balochistan National Party (BNP) se dispersaient, un kamikaze dont l'EI a publié une photo, le visage caché par un foulard, s'est fait exploser.
L'homme, que les autorités ont présenté comme âgé de 30 ans, a déclenché le détonateur de sa charge explosive "de huit kilogrammes", a expliqué mercredi Hamza Shafqat, ministre de l'Intérieur du Baloutchistan.
Quinze personnes sont mortes et 38 autres ont été blessées dans cette attaque, a-t-il poursuivi. Pour beaucoup, des membres du BNP.
Son leader, Akhtar Mengal, qui repartait du meeting après avoir délivré un discours au moment de l'attaque, s'est dit sur X "sain et sauf", mais "dévasté par la perte de partisans".
Au Baloutchistan, officiellement, 70% des habitants sont pauvres, alors que le sous-sol renferme parmi les plus grands gisements de minerais non exploités au monde et que des méga-projets, notamment chinois, dégagent d'importants revenus.
- "Douze heures" de tirs -
Une insurrection armée prospère sur ce terreau et la province a connu en 2024 la plus forte hausse de violences au Pakistan : de 90%, selon le Centre pour la recherche et les études sur la sécurité d'Islamabad, avec 782 morts.
Un groupe séparatiste y avait mené en mars une spectaculaire prise d'otages dans un train.
Depuis le 1er janvier, selon un décompte de l'AFP, plus de 430 personnes, en majorité membres des forces de sécurité, ont été tuées dans des violences menées par des groupes armés en lutte contre l'Etat, au Baloutchistan comme dans la province voisine du Khyber-Pakhtunkhwa.
De nouveau mardi, au Baloutchistan, cinq paramilitaires ont été tués et quatre blessés lors de l'explosion d'une bombe artisanale au passage de leur convoi dans un district proche de la frontière iranienne, a rapporté à l'AFP un haut fonctionnaire local.
En outre, six soldats ont été tués dans une attaque sur un QG de troupes paramilitaires au Khyber-Pakhtunkhwa, a rapporté l'armée. Dix-sept personnes, dont des civils, ont été blessées, a ajouté un responsable local, dans cette attaque revendiquée par un groupuscule lié aux talibans pakistanais.
Les échanges de tirs entre les forces de sécurité et des hommes armés ayant lancé l'assaut sur la caserne avec "une voiture bélier puis cinq kamikazes", selon ce responsable de l'administration locale, ont duré "douze heures" avant que les "six terroristes (soient) tués".
L'année 2024 a été la plus meurtrière en près d'une décennie au Pakistan, avec plus de 1.600 morts, pour près de la moitié des soldats et policiers, selon le Centre pour la recherche et les études sur la sécurité d'Islamabad.
X.Thijs--LCdB