Un an après l'effervescence des Jeux olympiques, le Tour de France va s'aventurer pour la première fois sur la Butte Montmartre en juillet pour une triple ascension qui révolutionne la dernière étape.
Cette 112e édition de la Grande Boucle marquera le cinquantième anniversaire de la première arrivée sur les Champs-Elysées, en 1975. Mais paradoxalement et même si elle sera évidemment au programme, ce ne sera pas "la plus belle avenue du monde" qui tiendra la vedette.
Car c'est bien le triple passage par la rue Lepic et devant des emblèmes comme le Moulin Rouge et le Sacré-Coeur qui monopolisera l'attention le 27 juillet, un an après la course en ligne des JO-2024 qui avait marqué les esprits par l'incroyable ferveur de 500.000 spectateurs agglutinés dans les rues de Paris.
Mercredi, dans les salons de l'Hôtel de Ville, les organisateurs d'ASO, la maire de Paris Anne Hidalgo et le préfet de police Laurent Nuñez ont présenté les détails de cette incursion inédite.
Au lieu des huit tours traditionnels sur les Champs-Elysées, les coureurs vont en effectuer seulement trois (6,5 km à chaque fois), avant de prendre la rue Royale pour aller faire trois fois une boucle de 16,8 km passant par Montmartre.
Au troisième passage au sommet de la Butte, il restera six kilomètres jusqu'à l'arrivée sur les Champs-Elysées, ce qui va forcément favoriser les attaques et sans doute empêcher un sprint massif.
- "Pas une visite touristique" -
"Si on a mis tout ça en place, c'est pour qu'il y ait du sport. Ce n'est pas qu'une parade ou une petite visite touristique de la Butte Montmartre", explique à l'AFP Thierry Gouvenou, le directeur technique du Tour de France.
Le tracé de cette 21e étape n'est pour autant pas le même que celui des JO qui empruntait des rues souvent plus étroites et faisait une large incursion dans l'est parisien.
Mais la rue Lepic figure bien au menu et mènera le peloton jusqu'au Sacré-Coeur, comme lors des JO.
Les coureurs vont ensuite replonger vers la place de la Concorde par la rue Royale en empruntant des artères plus larges qu'en août 2024.
Le projet s'est concrétisé après de longues tractations entre ASO, la mairie de Paris, emballée par l'idée, et la préfecture de police, nettement plus réticente face aux défis logistiques et sécuritaires que représente le passage du Tour de France avec un peloton plus important que celui des JO.
La situation ne s'est débloquée qu'après l'implication du président Emmanuel Macron qui a été "moteur" dans la décision, a indiqué l'Elysée à l'AFP.
Pour le Tour de France, cette dernière étape représente une révolution sur le plan sportif.
Hormis 2024, où le terminus avait été délocalisé à Nice en raison des JO et le fameux contre-la-montre de 1989, l'épreuve s'est le plus souvent terminée ces dernières décennies par un sprint massif sur les Champs-Elysées après une étape en général soporifique.
- "Ça va mettre un peu de stress" -
Avec l'inclusion de la Butte Montmartre, la physionomie de l'étape devrait être différente, sans doute plus intéressante à suivre pour les spectateurs et aussi plus stressante pour les coureurs.
La lutte pour le classement général pourrait ainsi se poursuivre jusqu'au bout sur les pavés de la rue Lepic, alors que l'usage voulait que le Tour soit joué dès le samedi soir.
"On est quasiment sûr qu'il va y avoir des attaques. Mais de là à renverser le Tour, je n'y crois pas trop. Il ne faut pas s'attendre à avoir des écarts faramineux. Même 30 secondes sur un parcours comme ça, c'est difficile. Mais ça va dynamiser l'étape", estime Gouvenou.
Remco Evenepoel, pourtant devenu champion olympique sur ce parcours, et le double vainqueur du Tour de France Jonas Vingegaard, ont exprimé leurs réserves sur cette dernière étape, jugeant qu'elle apportait un stress inutile.
"C'est clair que ça va mettre un peu de stress", convient Gouvenou. "Mais ce qui me gênait dans le parcours des JO, c'était surtout les descentes. Les coureurs zigzaguaient dans des ruelles. Là on va prend des artères beaucoup plus larges pour revenir. La montée de la rue Lepic est étroite, bien sûr. Mais quand on fait un secteur pavé sur Paris-Roubaix, ce n'est pas plus large. On sait s'adapter".
Quant à savoir si le parcours sera reconduit dans les années suivantes, le directeur technique du Tour préfère temporiser: "on verra. On va déjà regarder comment ça se passe".
W.Blondeel--LCdB