L'Inde et le Pakistan recensent mardi plus de 70 morts, dont une quinzaine de soldats, dans leur pire confrontation militaire depuis des décennies, au troisième jour d'un cessez-le-feu qui tient malgré les promesses des deux camps de "répondre" à toute nouvelle agression.
Annonçant des pertes militaires pour la première fois depuis le début il y a une semaine des hostilités, l'armée pakistanaise a rapporté que "11 militaires ont été tués et 78 blessés" au sein de l'armée de terre et de l'armée de l'air.
Elle ajoute recenser "40 civils tués, dont sept femmes et 15 enfants, ainsi que 121 blessés, dont 10 femmes et 27 enfants" dans les frappes indiennes sur plusieurs villes du Cachemire pakistanais et dans plusieurs provinces pakistanaises.
De son côté, New Delhi recense 15 civils et cinq militaires tués.
Après quatre jours d'attaques de drones, de missiles et de barrages de l'artillerie dans le Cachemire, à la surprise générale, le président américain Donald Trump avait annoncé un "cessez-le-feu total et immédiat".
Mais de nouveau lundi soir, en s'adressant aux Indiens, le Premier ministre ultranationaliste hindou Narendra Modi, a promis: "si une autre attaque terroriste vise l'Inde, nous lui apporterons une réponse ferme".
- "Réponse" -
Les deux voisins, rivaux depuis leur douloureuse partition en 1947, étaient entrés dans la spirale des tensions avec une attaque au Cachemire indien qui avait provoqué l'effroi en Inde.
Le 22 avril, des tireurs avaient surgi des bois pour abattre sur un site touristique 26 hommes, majoritairement hindous. L'attentat n'a jamais été revendiqué mais New Delhi a aussitôt pointé du doigt Islamabad, qu'il accuse de soutenir les jihadistes cachemiris. Le Pakistan, lui, assure n'avoir rien à voir avec cette attaque.
Mercredi matin, l'armée pakistanaise répondait: "qu'il n'y ait aucune ambiguité, toute nouvelle tentative de défier la souveraineté du Pakistan ou son intégrité territoriale suscitera une réponse rapide, globale et décisive".
Dimanche soir, les hauts-gradés des deux camps s'étaient bruyamment félicités, photos et vidéos à l'appui, d'avoir rempli leur mission.
"Les pertes font partie du combat", avait concédé devant la presse le général AK Barthi, de l'armée de l'air indienne. "Mais la seule question est de savoir si nous avons atteint notre objectif. Et la réponse à cette question est un oui éclatant".
Il a refusé de commenter les affirmations du Pakistan, qui dit avoir abattu cinq chasseurs indiens dont trois Rafale dernier cri de fabrication française. "Tous nos pilotes sont rentrés", s'est-il contenté d'assurer.
Parmi les militaires de l'aviation pakistanaise figurent des techniciens au sol mais également des membres d'unités navigantes.
Comme ils se sont répondus sur le champ de bataille, les deux camps se répondent également dans la communication.
- Trump et le nucléaire -
Mardi soir, le chef de l'armée pakistanaise, le général Asim Mounir, qui passe pour l'homme fort du pays selon les experts, a visité des soldats blessés à l'hôpital.
Mercredi matin, le Premier ministre indien Modi a dit sa "reconnaissance éternelle" aux troupes qu'il a visité sur une base aérienne.
Si la rhétorique belliqueuse est toujours de mise dans les discours, sur le terrain, aucun incident significatif n'a été rapporté le long de la "ligne de contrôle" (LoC) qui sépare le Cachemire que les deux voisins se disputent.
A Chakothi, village pakistanais le long de la LoC, des enfants reprenaient l'école, après une fermeture de plusieurs jours en raison de l'intensité des échanges de tirs entre troupes indiennes et pakistanaises parfois à seulement quelques dizaines de mètres de distance dans le Cachemire.
Lundi, M. Trump a assuré avoir arrêté "un conflit nucléaire".
Tout avait démarré mercredi avant l'aube, lorsque des missiles indiens ont détruit sur le sol pakistanais des mosquées et des écoles coraniques que New Delhi présente comme des "camps terroristes". Une vingtaine de civils ont péri dans ces frappes.
Le Pakistan a aussitôt riposté, replongeant les deux voisins dans les pires heures de leur dernier conflit ouvert en 1999.
Des responsables militaires des deux pays ont échangé au téléphone lundi soir, a fait savoir l'état-major indien.
Ils ont évoqué le maintien de la trêve et "se sont mis d'accord pour que les deux camps réfléchissent à des mesures immédiates pour réduire le nombre de soldats déployés sur les frontières", a-t-il ajouté.
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X.Hardy--LCdB