Donald Trump reçoit mercredi le président d'Afrique du Sud Cyril Ramaphosa à la Maison Blanche en compagnie d'Elon Musk pour une rencontre qui s'annonce houleuse, avec en toile de fond les accusations américaines de "génocide" contre les fermiers sud-africains blancs.
Le président sud-africain, arrivé dès lundi à Washington mais qui est resté discret, a dit souhaiter remettre sur les rails la relation avec Washington alors que les Etats-Unis viennent d'acceuillir un groupe d'Afrikaners désignés comme réfugiés.
Cyril Ramaphosa va à la Maison Blanche accompagné de deux champions de golf, Ernie Els et Retief Goosen, ainsi de l'homme d'affaires le plus riche d'Afrique du Sud, Johann Rupert, tout trois afrikaners.
La rencontre doit permettre de "réinitialiser les relations" entre les deux pays, a déclaré mardi le porte-parole de la présidence sud-africaine, Vincent Magwenya.
Elon Musk, homme le plus riche du monde, proche conseiller de Donald Trump et lui-même né en Afrique du Sud, sera également présent, selon la Maison Blanche. Le patron de Tesla, SpaceX et X est un chantre très actif des accusations de "génocide blanc" rejetées catégoriquement par Pretoria.
- "Faux" -
Depuis son retour aux affaires à Washington en janvier, Donald Trump a fait de l'Afrique du Sud l'une de ses cibles favorites, dénonçant la discrimination raciale qui vise selon lui la minorité blanche descendant des premiers colons européens.
Le président américain affirme, sans preuves tangibles, que les blancs sont victimes d'un "génocide" en Afrique du Sud, le pays de l'ancien régime de l'apartheid.
Il menace de snober le premier sommet du G20 sur le continent africain en novembre à Johannesburg et a fait expulser l'ambassadeur sud-africain à Washington en mars.
L'arrivée le 12 mai d'environ 50 membres de la minorité afrikaner, après que Donald Trump les a appelés à quitter leur pays et à trouver refuge aux Etats-Unis, a été très mal reçue à Pretoria.
Si ce programme de réinstallation se poursuit, l'Afrique du Sud "s'en offusquera", a prévenu M. Magwenya.
"Il va être difficile pour l'administration Trump de soutenir qu'il y a un soi-disant +génocide+ en Afrique du Sud", car, ajoute-t-il, il est "absolument impossible que l'administration Trump ne sache pas que ce qu'elle propage est faux".
- La main d'Elon Musk? -
L'administration Trump campe elle sur ses positions.
Interpellé à ce sujet mardi devant la commission des Affaires étrangères du Sénat, le secrétaire d'Etat Marco Rubio a affirmé que "les 49 personnes qui sont venues se sentaient certainement persécutées".
"Elles vivent dans un pays où les fermes sont confisquées, la terre est confisquée, sur un critère racial", a-t-il répondu à un sénateur.
"Vous n'appréciez pas tout simplement le fait qu'ils soient blancs", a lancé M. Rubio, témoignant d'un débat acrimonieux sur fond d'accusations de racisme de part et d'autre.
La réception des Afrikaners détonne d'autant plus que l'administration Trump a quasi suspendu l'accueil de réfugiés et de demandeurs d'asile aux Etats-Unis, dans le cadre du durcissement de sa politique migratoire.
Seuls 7,3% des Sud-Africains sont blancs mais cette minorité possède la plupart des terres agricoles, selon les statistiques officielles.
C'est de cette frange de la population que sont issus les dirigeants politiques qui ont institué l'apartheid, système de ségrégation raciale ayant privé la population noire - très majoritaire - de la plupart de ses droits de 1948 jusqu'au début des années 1990.
Au-delà de cette polémique, l'administration Trump ne décolère pas contre Pretoria en raison de sa plainte pour génocide visant Israël devant la Cour internationale de justice (CIJ).
Lors de cette visite, l'Afrique du Sud cherchera en priorité à maintenir ses relations commerciales avec les Etats-Unis face aux droits de douane, afin notamment de protéger ses exportations, a rappelé M. Magwenya. Les Etats-Unis sont le deuxième partenaire commercial de Pretoria derrière la Chine.
E.Celis--LCdB