Des heurts ont opposé mardi soir des manifestants et les forces de l'ordre à Ballymena en Irlande du Nord, après des violences la veille à motivation raciste selon la police, à la suite de l'inculpation de deux adolescents pour une tentative de viol contre une jeune fille.
Lundi soir, des habitations avaient été incendiées et 15 policiers blessés dans un quartier de Ballymena, ville de 31.000 habitants, où vit une importante population immigrée.
Selon un journaliste de l'AFP sur place, un lourd dispositif policier a été déployé mardi soir dans cette ville qui se situe à une cinquantaine de kilomètres au nord-ouest de Belfast.
Des centaines de manifestants dont certains masqués se sont rassemblés. Des feux d'artifice et des bouteilles en verre ont été jetés sur la police, qui a elle utilisé un canon à eau pour disperser les manifestants.
"La police fait actuellement face à des troubles graves dans le quartier de Clonavon Terrace", a déclaré une porte-parole des forces de l'ordre, appelant à éviter cette zone.
Une partie des manifestants a commencé à se disperser une fois la nuit tombée, même si d'autres restaient près de barricades improvisées et en feu. Des troubles ont également été signalés à Belfast, la capitale de la province britannique.
- "Considérations raciales" -
Selon les médias britanniques, les deux jeunes de 14 ans ont comparu lundi devant la justice pour la tentative de viol qu'ils sont accusés d'avoir commise samedi, et s'exprimaient par l'intermédiaire d'un interprète roumain.
Les premières violences ont éclaté lundi soir à l'issue d'un rassemblement en soutien à la victime et à sa famille.
Parmi les policiers blessés, certains ont dû être hospitalisés pour être soignés, ont indiqué mardi les forces de l'ordre dans un communiqué.
Un homme de 29 ans a été arrêté puis inculpé mardi pour "comportement émeutier, trouble à l'ordre public, tentative de dommage criminel et résistance à la police", ont indiqué les forces de l'ordre.
"Cette violence était clairement motivée par des considérations raciales et visait une minorité ethnique, ainsi que la police", a déclaré Ryan Henderson, un responsable de la police, en condamnant ces attaques "dans les termes les plus fermes".
Il s'est inquiété de "la montée des attaques haineuses à caractère racial en Irlande du Nord".
"La nuit dernière, c'était insensé, tellement de gens sont venus ici pour mettre le feu à cette maison", a raconté mardi à l'AFP Cornelia Albu, 52 ans, une ressortissante roumaine habitant en face de l'une des habitations incendiées.
"Ma famille a été vraiment effrayée, maintenant il nous faut déménager, car on ne sait pas ce qui peut se passer après cela", ajoute cette mère de deux enfants, employée dans une usine et qui vit en Irlande du Nord depuis 9 ans. Elle se demande toutefois "si quelqu'un acceptera de les loger car (ils sont) Roumains".
- "Une étincelle" -
Lundi soir, à l'issue du rassemblement qui avait commencé dans le calme, des individus cagoulés ont construit des barricades dans la rue et attaqué des maisons, avant de s'en prendre aux forces de l'ordre, en jetant dans leur direction des cocktails Molotov et des briques notamment, selon la police.
Quatre maisons ont été endommagées par des incendies. D'autres habitations et commerces ont vu leurs fenêtres brisées et leurs portes enfoncées.
L'Irlande du Nord a été secouée à l'été dernier, comme d'autres endroits du Royaume-Uni, par des émeutes anti-immigration à la suite des meurtres de trois fillettes dans une attaque au couteau, dans le nord-ouest de l'Angleterre.
Pour un habitant, Mark, 24 ans, qui n'a pas voulu donner son nom de famille, la tentative de viol pendant le week-end était "juste une étincelle". "Les étrangers ici ne sont pas respectueux des gens du coin, ils viennent ici sans s'intégrer", a-t-il affirmé.
Un autre habitant a accroché un drapeau britannique devant sa maison "par précaution, pour que les gens sachent que ce n'est pas un étranger qui vit ici".
"Ballymena a une importante population immigrée, beaucoup de gens travaillent dans la ville et fournissent un excellent travail", a déclaré le maire, Jackson Minford, à l'AFP.
Downing Street a jugé "très préoccupants" les incidents, exprimant son soutien aux victimes des violences et aux policiers blessés.
A.Louis--LCdB