Les taxis manifestent à Bercy et appellent à bloquer les aéroports parisiens / Photo: Thomas SAMSON - AFP
Après une pause d'une semaine et demie, les hostilités reprennent mercredi du côté des taxis avec le blocage des aéroports parisiens (Charles de Gaulle et Orly) et une manifestation devant le ministère de l'Economie et des Finances.
Dès mardi après-midi, une cinquantaine de taxis s'étaient installés à Bercy, protégés par des camions de police. "C'est peut-être le dernier espoir", a lancé Fanny Perraud, taxi dans le Beaujolais, qui a déjà manifesté à Lyon.
"On a prévu d'être nombreux à se faire entendre", a ajouté Karine Yves, taxi de 52 ans, qui craint pour son activité avec la nouvelle convention de l'Assurance maladie pour le transport des malades en taxi.
Une réunion doit avoir lieu mercredi matin au ministère de la Santé pour trouver une issue au conflit, mais en l'état, "on est partis sur un rapport de force pour que ce soit un blocage du pays", a prévenu vendredi le secrétaire de la Fédération nationale du taxi (FNDT), Dominique Buisson.
Il a également annoncé une reprise de la mobilisation jeudi à Pau, épicentre de la contestation en sa qualité de ville d'origine du Premier ministre François Bayrou.
La réunion du 24 mai avec le Premier ministre avait ouvert un cycle de négociations entre le ministère de la Santé, celui des Transports et les organisations représentatives des taxis.
- Economies -
Celles-ci sont remontées contre la nouvelle convention de l'Assurance maladie régissant le transport des malades en taxi, censée entrer en vigueur le 1er octobre.
Le nouveau système doit reposer sur une prise en charge de 13 euros par l'Assurance maladie, puis un tarif kilométrique.
Mais les taxis craignent par exemple que les temps d'attente lorsque le patient est en consultation à l'hôpital ne soient plus rémunérés.
Le chiffre d'affaires de certains artisans-taxis repose parfois aux deux tiers sur le transport des patients vers les hôpitaux ou à leurs rendez-vous médicaux, notamment dans les zones rurales ou les petites villes.
Pour l'Assurance maladie, il s'agit d'économiser de l'argent en développant des plateformes de transports centralisant les demandes, pour rationaliser les allées et venues des taxis, permettre le transport partagé et éviter retours à vide ou longues périodes d'attente des véhicules.
Entre 2019 et 2024, les dépenses de transport sanitaire ont explosé pour atteindre 6,74 milliards d'euros annuels, dont 3,07 milliards pour les taxis conventionnés, soit une augmentation de 45%.
- Blocage du pays -
Toute la deuxième quinzaine de mai, la profession a bloqué gares et aéroports ou occupé certains axes.
A Paris, la contestation s'est concentrée boulevard Raspail, à deux pas du ministère des Transports.
Dans le même temps, les taxis s'en sont pris aux chauffeurs VTC, accusés de concurrence déloyale et de pratiquer la maraude, ce qui leur est théoriquement interdit.
Le gouvernement a répondu en affirmant qu'il allait accentuer les contrôles pour s'attaquer aux fraudeurs. Une célérité qui a mis en colère les chauffeurs VTC, reçus à leur tour le 3 juin au ministère des Transports. Ils ont eux aussi appelé à une semaine de mobilisation à partir de mardi.
Les taxis réclament un moratoire sur le nombre de chauffeurs VTC et un gel des examens d'admission, en raison de l'afflux continu de chauffeurs sur les plateformes (Uber, Bolt...) qui tirent leurs revenus à la baisse.
Mardi, ils étaient 2.000 à manifester à Paris et dans une dizaine de villes, selon Union-Indépendants, l'une des organisations qui les représente.
V.Nijs--LCdB