L'économie du sport, un "potentiel énorme" qui reste encore à structurer / Photo: ERIC PIERMONT - AFP/Archives
Cent milliards d'euros: c'est le chiffre d'affaires que pourrait atteindre en 2030 la filière du sport français si son "potentiel énorme" est mieux structuré et fédéré, estime la banque publique d'investissement Bpifrance qui organise jeudi à Paris une journée présentée comme "le plus grand rassemblement du sport business".
Clubs sportifs, entrepreneurs, investisseurs, athlètes, experts, équipementiers: quelque 4.000 participants sont attendus à l'Adidas Arena pour la deuxième édition de "Sport Définition", qui sera ouverte par la ministre des Sports Marie Barsacq.
Au menu, des espaces de discussion, des ateliers thématiques et des témoignages d'acteurs du secteur pour favoriser les connexions, créer de l'émulation et organiser un "match gagnant" entre sport et économie.
Car l'écosystème du sport français a un "potentiel énorme, c'est juste qu'il n'a jamais été structuré en tant que marché, alors que c'est une vraie économie en soi", résume à l'AFP Julien Noronha, directeur exécutif de la banque publique Bpifrance, en charge de la communication.
Près de 130.000 entreprises constituent la filière, en grande majorité des micro-entreprises et des auto-entrepreneurs, pour un total de 450.000 salariés, "soit davantage que l'aéronautique et les télécoms", selon une étude publiée en 2024 par Bpifrance, HEC et le cabinet EY.
En 2023, elle avait généré quelque 75 milliards d'euros de chiffre d'affaires, dont la moitié réalisés grâce à la fabrication et la distribution d'équipements et d'articles de sport.
Ce marché du sport français pourrait même atteindre "les 100 milliards d'euros de chiffre d'affaires dans les cinq ans" s'il améliore sa compétitivité et arrive à attirer plus d'investisseurs, estime Bpifrance, qui est partenaire d'une trentaine de clubs sportifs, dont le Paris FC ou encore le Stade Français.
- "Répondre ensemble aux appels d'offres" -
"On cherche à accompagner la création d'une vraie filière sport business, à aider à sa structuration", ce qui peut par exemple se traduire concrètement par "la création d'équipes qui vont aller ensemble répondre aux appels d'offres des grandes compétitions mondiales, et non plus les chasser individuellement, par exemple pour les JO de Los Angeles en 2028 ou la Coupe du monde de football au Maroc" en 2030, met en avant Julien Noronha.
Car le constat est que "si le sport et les grandes compétitions mondiales permettent d'agréger plein de marchés qui se mettent à vibrer" ensemble, comme les équipementiers, l'événementiel, les sponsors, les médias, etc., "ils ne se parlaient pas beaucoup entre eux, les filières fonctionnaient en vertical, il y avait des ponts mais pas assez".
M. Noronha souligne que les Jeux olympiques de Paris 2024 ont permis de "créer une énergie positive, au niveau business et au niveau mental".
Mais "ce qui manque encore, c'est l'investissement dans le sport, et comment on crée des vrais champions dans l'économie du sport", résume-t-il.
Début avril, la banque publique avait rassemblé une centaine d'"acteurs clés" du marché pour débattre de la structuration du sport business français - dont des responsables de clubs, des entrepreneurs, ainsi que des représentants des institutions ou encore l'ambassadeur pour le Sport, Samuel Ducroquet.
"Il a fallu y aller à la masse pour casser les silos", avait notamment souligné lors d'un groupe de travail Sébastien Moreau, adjoint au délégué interministériel aux grands événements sportifs.
"Il faut continuer ce travail en commun (...) dans la perspective des JO dans les Alpes en 2030, on ne travaille pas suffisamment ensemble avec nos propres organisateurs d'événements. Mais c'est du temps long, car il faut de la confiance entre les acteurs", avait-il dit.
N.Lambert--LCdB