Wimbledon: Alcaraz-Sinner, la finale des temps modernes / Photo: HENRY NICHOLLS, Glyn KIRK - AFP/Archives
Le double tenant du titre Carlos Alcaraz (2e) et le N.1 mondial Jannik Sinner écrivent dimanche dans le temple de Wimbledon un nouveau chapitre de leur rivalité au sommet, un mois après leur finale épique à Roland-Garros.
Ils ont 22 et 23 ans, et donc l'avenir devant eux, mais les voilà déjà installés au zénith du tennis mondial, à la place occupée avant eux par Roger Federer, Rafael Nadal et Novak Djokovic.
Le Serbe de 38 ans, dernier joueur actif du "Big Three", s'est fait sortir vendredi en trois sets et moins de deux heures par Sinner, un de ses clones sur les courts, en plus jeune et plus fringant.
Alcaraz a lui mis presque une heure de plus pour écarter la menace Taylor Fritz (5e) et atteindre la sixième finale de sa jeune carrière en Grand Chelem, la troisième d'affilée sur le gazon anglais.
Les quatre tournois majeurs sont devenus une chasse gardée pour ces jeunes rois de la balle jaune: ils se sont partagé équitablement les six derniers titres en jeu, en attendant le septième dimanche.
Mais Sinner ne veut pas entendre parler d'un nouveau duopole sur la planète tennis. "On ne peut pas comparer avec ce que le +Big Three+ a fait pendant plus de quinze ans. Six tournois du Grand Chelem, c'est un an et demi, ce n'est pas encore du même niveau".
L'actuel patron du circuit ATP reconnaît néanmoins que sa discipline a besoin de s'enthousiasmer pour des nouveaux duels: "je pense que c'est bon pour notre sport. Plus on aura des rivalités, mieux ce sera car les gens veulent voir de jeunes joueurs s'affronter".
- Dernière défaite en 2022 -
Alcaraz partage cet avis et se voit bien prendre le relais de ses aînés.
"J'espère que nous ferons beaucoup de choses ou que nous continuerons à faire ce qu'il faut pendant, je ne sais pas, les cinq ou dix prochaines années, pour que notre rivalité soit la même que celle de ces joueurs", a-t-il lancé vendredi devant la presse.
"Carlitos" mène pour l'heure huit victoires à quatre dans ses confrontations avec Sinner. La dernière en date, début juin, est encore dans tous les esprits.
Les belligérants ont fait souffler un vent d'histoire sur la terre battue de Roland-Garros, durant 5h29 et cinq sets, la plus longue finale de l'histoire du tournoi parisien. L'Espagnol, acculé, a écarté trois balles de match dans le troisième set avant d'accomplir une "remontada" héroïque.
"C'est le meilleur match auquel j'aie jamais participé. Je ne suis pas surpris qu'il m'ait poussé dans mes retranchements", a rembobiné le vainqueur, qui s'attend à une nouvelle bataille dimanche. "J'espère juste ne pas passer à nouveau cinq heures et demie sur le court", a-t-il souri, avant d'embrayer: "s'il le faut, je le ferai".
Le Murcien estime ne pas avoir d'avantage psychologique sur l'Italien. Et ce dernier affirme avoir digéré la déception de Paris, à grand renfort de repos, de barbecues et de parties de ping-pong entre amis.
"Si c'était resté dans ma tête, je ne serais pas en situation de rejouer une finale, j'imagine", a-t-il glissé avec malice.
Le N.1 mondial va disputer sa quatrième finale d'affilée en Grand Chelem, mais il préfère retenir qu'il s'agit de sa première sur le gazon sacré de l'All England Club, pour mieux refiler l'étiquette de "favori" à son dauphin au classement ATP.
"Il a gagné ici deux fois de suite, il revient encore en finale", a listé Sinner. "C'est vraiment dur de le battre sur gazon, mais j'aime ces défis".
"Je pense que je donne un léger avantage à Carlos", appuie Novak Djokovic, "parce qu'il a gagné deux titres et au vu de ses niveaux de jeu et de confiance actuels. Mais c'est juste un léger avantage car Jannik frappe très bien la balle", a nuancé le finaliste des six dernières éditions.
A Wimbledon, Alcaraz reste sur 20 victoires successives. Il faut remonter à 2022 pour trouver trace de sa dernière défaite sur le gazon londonien. C'était en huitièmes de finale contre un certain Sinner, Jannik.
B.Janssens--LCdB